L’Observatoire National Interministériel de la Sécurité Routière (ONISR) a récemment dévoilé les chiffres préliminaires de l’accidentalité routière pour l’année 2024. Ces statistiques révèlent plusieurs aspects intéressants, et parfois assez frappants. Heureusement, la tendance générale concernant les accidents corporels ou mortels reste stable, ce qui est une nouvelle encourageante.
Pour aborder directement le sujet évoqué par le titre, quelque peu provocateur, voici les faits : en 2024, en France métropolitaine, 2 477 hommes ont perdu la vie sur les routes, contre 713 femmes. Les hommes, représentant 78% des victimes, sont donc plus fréquemment mortels que les femmes dans les accidents de la route. Ils constituent également 75% des blessés graves et 84% des responsables présumés dans les accidents mortels, des proportions similaires à celles de 2023. Le contraste est encore plus marqué au sein de la communauté motocycliste : 90% des décès en 2024 concernent des hommes… Bien que la population motocycliste reste majoritairement masculine, l’augmentation du nombre de femmes pratiquantes ne semble pas modifier significativement cette statistique.
Tendances et chiffres clés pour les deux-roues motorisés
En 2024, l’ONISR a précisé dans son communiqué de presse que 726 conducteurs de deux-roues motorisés ont été tués sur les routes françaises (toutes catégories confondues). C’est une tragédie, et toujours excessif, et la tendance de 2024 montre une légère augmentation de la part des usagers de deux-roues motorisés : ils représentent 23 % des décès, 32 % des blessés graves et 37 % des blessés qui subiront des séquelles un an après l’accident, pour moins de 2 % du trafic motorisé. Ce dernier chiffre pourrait être contesté, certains estimant plutôt une part de marché de 3 à 4%, mais la proportion de décès dépasse désormais 20%. À noter également, alors que la part des décès augmente chez les cyclistes et les utilisateurs d’engins de déplacement personnel motorisés (EDPM), comme les trottinettes électriques, la part des décès parmi les conducteurs automobiles diminue et passe sous les 50% (48% avec 1535 occupants).
Heureusement, le nombre de blessés graves a diminué sur les routes, avec une baisse de 1% en 2024 par rapport à 2023, en grande partie grâce à la réduction des blessés graves parmi les utilisateurs de deux-roues motorisés, avec une baisse de 6% pour cette catégorie. Peut-on attribuer cela à l’effet du Contrôle Technique Moto ? Il semble plutôt que ce soit le résultat de l’amélioration de l’équipement (notamment l’airbag) et de l’accès progressif à la puissance avec le permis A2.
Le graphique ci-dessus montre le nombre de victimes sur les routes en France métropolitaine, de 2017 à fin 2024. La tendance pour le segment des deux-roues motorisés est à la baisse ou stable pour 2024, malgré un nombre encore trop élevé de victimes, mais la tendance est à une légère diminution. Il est important de noter que la période de la pandémie, en grisée sur le graphique, a vu une diminution des statistiques en raison des confinements.
Sécurité routière : ne faut-il pas renforcer la prévention dès le plus jeune âge, particulièrement among les hommes ?
Sans entrer dans une analyse sociologique complexe, il est évident que la perception du risque routier diffère significativement entre hommes et femmes, voire entre garçons et filles, et cela dès le plus jeune âge. Qui joue principalement avec des voitures miniatures ? Qui se vante d’avoir un père qui possède une moto puissante ? Qui passe des heures sur Gran Turismo ou MotoGP sur sa console ? Qui cherche à atteindre la vitesse maximale avec sa première moto ? Ne nous voilons pas la face… Ainsi, l’éducation routière ne devrait-elle pas être orientée pour encourager les jeunes hommes à adopter une conduite plus prudente dès le plus jeune âge ? C’est une question que nous posons et nous vous invitons à réagir à ce sujet.
Autres statistiques de la sécurité routière : Piétons, vélos, EDPm, jeunes, seniors…
- La mortalité globale sur ces 12 derniers mois a augmenté de +1 % par rapport aux 12 mois précédents, mais a diminué de -2 % par rapport à 2019, année de référence pour la décennie 2020-2030.
- Les automobilistes représentent un peu moins de la moitié des décès sur la route. Leur mortalité sur ces 12 derniers mois est estimée à 1 535 tués, en hausse de +2 % par rapport aux 12 mois précédents et en baisse de -5 % par rapport à 2019.
- La mortalité des usagers de deux-roues motorisés est en hausse ces derniers mois : 726 personnes ont été tuées ces 12 derniers mois, un résultat en hausse de +3 % par rapport aux 12 mois précédents, et en baisse de -3 % par rapport à 2019. Cela s’équilibre.
- La mortalité piétonne, après une baisse en 2023, a retrouvé un niveau élevé : 451 piétons sont décédés ces 12 derniers mois, un résultat en hausse de +3 % par rapport aux 12 mois précédents, et en baisse de -7 % par rapport à 2019.
- La mortalité à vélo, avec 222 cyclistes décédés ces 12 derniers mois, est stable par rapport aux 12 mois précédents. Ce résultat est supérieur de +19 % par rapport à 2019. L’enthousiasme des Français pour l’utilisation de modes de transport individuels pour de courts trajets en ville, ainsi que pour les loisirs à vélo en milieu rural, est manifeste. L’obligation de porter un casque pourrait probablement aider à réduire le nombre de victimes, la décision est entre les mains des autorités.
- La mortalité en EDPm s’est stabilisée ces 12 derniers mois : 44 personnes sont décédées depuis un an.
- La mortalité des jeunes adultes de 18-24 ans, après une baisse en 2023, repart à la hausse : 531 jeunes sont décédés ces 12 derniers mois, un résultat en hausse de +7 % par rapport aux 12 mois précédents, et en baisse de -3 % par rapport à 2019.
- La mortalité des personnes âgées de 65 ans ou plus s’établit à 891 personnes tuées ces 12 derniers mois, elle est stable par rapport aux 12 mois précédents et en hausse de +5 % par rapport à 2019.
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